30 ans de Myral, Sylvain Bonnot : «Devenir pour l’isolation ce que Velux est à la fenêtre de toit !»
L’âge de raison… Myral souffle en cette année 2017 sa 30e bougie. Symbole d’une expérience, d’une expertise et d’un goût de l’innovation unique dans le secteur français de l’isolation par l’extérieur, mais surtout d’une très belle aventure pour cette petite société artisanale bourguignonne devenue un groupe industriel ambitieux qui pèse aujourd’hui 22 millions d’euros de chiffre d’affaires. Pour autant son PDG, Sylvain Bonnot, reste très attaché aux racines des débuts… sans manquer d’appétit pour l’avenir. Joyeux anniversaire !
Myral fête ses 30 ans, quand vous regardez dans le rétroviseur, quels sont les moments clés qui ont marqué l’histoire de l’entreprise ?
Sylvain Bonnot : Evidemment sa création en 1987 par mon père Daniel Bonnot. Sur sa fin de carrière professionnelle, il souhaitait concrétiser un projet de création d’entreprise, ce qu’il n’avait jamais fait jusque-là. Conscient des enjeux de l’isolation à une époque où il commençait à y avoir une prise de conscience, plus économique qu’écologique d’ailleurs, il a créé cette petite société artisanale sur la base d’un produit d’isolation par l’extérieur fabriqué en Allemagne très innovant qui n’existait pas en France. Un produit dont Myral est devenu acheteur et revendeur sur le marché pavillonnaire, mais sans autre prétention.
Le premier tournant intervient en 2000, lorsque nous sommes passés d’importateurs à fabricants. Nous avons mis un pied dans l’industrialisation car le fournisseur allemand a eu d’énormes soucis financiers et a déposé le bilan. Comme Myral avait fondé son modèle sur ce produit et qu’il était quand même perfectible, nous avons apporté des innovations sur le panneau et l’avons fait breveter. Grâce à ses excellentes performances, nous avons obtenu de très bons avis techniques du CSTB.
C’est ce qui nous a ouvert en 2005 le marché du collectif. C’était impossible jusque-là avec le produit allemand qui était moins évolué, autant au niveau thermique, que par sa conception.
Autre année importante, 2010 qui marque la création de la croissance externe. Myral devient un industriel qui fabrique de l’ITE, avec des filiales qui agissent dans le pavillonnaire : Ouest Eco’Logis sur la Bretagne, IFM sur les régions environnantes du siège en Bourgogne, IFM-IDF pour l’Ile de France et Myral Fassade GmbH en Allemagne.
Et puis il y a 2015 avec un très lourd investissement sur une nouvelle machine de production qui a multiplié par 3 nos capacités.
L'usine Myral d'Is-sur-Tille (71)
Par les chiffres comment se traduit cette évolution ?
Sylvain Bonnot : Sans parler du lancement de l’entreprise qui n’était alors que familiale, en 2000, la société réalisait l’équivalent de 1,5 million d’euros de chiffres d’affaires et il y avait une quinzaine de collaborateurs. Aujourd’hui, on peut parler d’un groupe, qui compte 5 sociétés, réalisant 22 millions d’euros de chiffres d’affaires et qui emploie 80 salariés. Le CA a donc été multiplié par 15 en 15 ans !
Les clés de la réussite : avoir toujours un coup d’avance sans oublier ses racines artisanales
Quel est le moteur de cette réussite ?
Sylvain Bonnot : Dans ma conception, une société bien établie ne peut pas progresser et durer si elle n’a pas sans cesse de nouveaux projets. Tous les ans ou tous les 2 ans, nous imaginons des axes de développement. Avoir en permanence un coup d’avance, c’est cela qui nous mène toujours plus loin. Pour moi, c’est naturel et même indispensable pour une société. J’aurais du mal à concevoir une entreprise assise sur un marché et qui n’a pas d’ambition pour le futur.
Et quels sont alors les prochains projets qui tirent Myral vers l’avant ?
Sylvain Bonnot : Nous développons actuellement un important système d’informatisation qui va gérer l’ensemble des activités du groupe et de la société. Il s’agit d’un très gros projet stratégique.
Au niveau numérique, nous nous investissons également dans le développement du BIM afin d’être pleinement acteur de ce virage du digital que prend le secteur de la construction.
Et ensuite, il y a d’autres projets programmés qui nous mènerons plus loin.
Quels sens donnez-vous à cet anniversaire des 30 ans de Myral ?
Sylvain Bonnot : C’est un anniversaire important qui démontre notre expérience, notre savoir-faire et notre expertise mais qui permet aussi à la société de marquer son attachement aux valeurs artisanales et familiales. Nous avons d’ailleurs organisé le 21 juillet une sortie avec l’ensemble du personnel de l’entreprise au Château-Musée de Savigny-les-Beaune, en Côte-d’Or. Un moment convivial sur le thème « 30 ans l’âge de raison ». Chacun a notamment pu s’exprimer et donner sa vision de la société en se projetant sur le futur. Il en est ressorti des remarques très intéressantes et inspirantes ! J’ai d’ailleurs été surpris positivement et conforté par l’image de l’entreprise reflétée par ses échanges.
Cadre majestueux pour les 30 ans de Myral
Tous les salariés ont partagé un moment riche et convivial
« Il faut simplifier les aides à l’isolation thermique ! »
Vous attachez une grande importance justement à la relation avec les salariés…
Sylvain Bonnot : Oui pour moi c’est primordial de se soucier de chacun de ses salariés. Une société ne vit que par ses membres dont le travail est une brique sur l’édifice commun. Il faut dire que ma vision est toujours celle de la petite entreprise artisanale. Alors même si avec le développement du groupe je m’entoure de personnes compétentes, car on ne peut pas tout faire soi-même, je reste très sensible à l’appréciation de chaque salarié.
Evoquons le contexte économique. Les réglementations thermiques sont toujours plus exigeantes et favorisent l’isolation par l’extérieur, sentez-vous que votre secteur a le vent en poupe ?
Sylvain Bonnot : C’est vrai que depuis le Grenelle de l’Environnement en 2007, les besoins ne cessent de se développer. Comme la France est très en retard dans l’isolation des bâtiments comparé à certains pays européens comme l’Allemagne, il y a un marché potentiel très important. Mais la complexité des aides publics freine la progression. Pour que ce secteur marche à plein régime, il faut vraiment que les pouvoirs publics simplifient les démarches d’accompagnement des projets : que les aides soient moins nombreuses mais bien plus lisibles qu’aujourd’hui !
Les solutions techniques Myral de plus en plus connues par les acteurs du bâtiment
Les solutions de revêtements isolants de façades Myral ont jusque-là été majoritairement utilisées pour la rénovation, mais elles le sont aujourd’hui de plus en plus dans le neuf, comment voyez-vous l’évolution de ces 2 marchés dans les prochaines années ?
Sylvain Bonnot : Ce qu’il faut d’abord bien préciser, c’est notre singularité. Alors que le gros du marché de l’isolation thermique par l’extérieur sur le collectif et le pavillonnaire reste la solution traditionnelle : enduit mince sur isolant, Myral ne fabrique que des solutions de véture et de vêtage. Nous sommes donc sur une famille de produits plus techniques, mais qui manquait jusque-là de notoriété.
Pour la rénovation, il est très intéressant de constater qu’avec le volume et la variété des bâtiments anciens à isoler, la connaissance de l’ITE se développe parmi les maîtres d’ouvrage et les maîtres d’œuvre en même temps que le marché. Ce qui permet à Myral de prendre une place de plus en plus importante grâce à des réponses performantes à des besoins spécifiques. Nous mettrons d’ailleurs en avant nos 30 ans d’expérience sur le prochain Salon H’Expo à Strasbourg, qui est un rendez-vous incontournable pour nous.
Du côté du neuf, les performances thermiques de nos solutions font aussi la différence, mais l’esthétique de nos panneaux est un argument fort pour ce secteur. Nous maitrisons la fabrication et la transformation de notre parement extérieur en aluminium ce qui permet d’offrir, aux architectes notamment, une très grande variété d’aspects, de teintes, de la finition traditionnelle à la finition miroir, en passant par l’aluminium anodisé ou le gold. Nous avons même la capacité de produire des panneaux jusqu’à 14 m de longueur et des épaisseurs différentes, selon le besoin de niveau d’isolant.
Le Mouvement Perpétuel à Rennes l'une des réalisations emblématiques de 2017
Et puis globalement, on est sur la filière sèche. Les panneaux Myral se mettent en œuvre très facilement sans grande technicité, tout en permettant d’être posés par n’importe quelles conditions climatiques, du 1er janvier au 31 décembre, ce qui présente l’avantage pour les applicateurs et le client final, de tenir les délais de chantier.
Que peut-on souhaiter à l’entreprise pour ses prochains anniversaires… pour ses 60 ans ?
Sylvain Bonnot : Je regarde devant mais sans m’amuser à voir si loin ! Ce qui est sûr c’est qu’il faut que Myral fasse partie du paysage français en étant connu par tous les acteurs du bâtiment et en apparaissant pour le grand public comme l’un des leaders du secteur. Je dirais même, avec beaucoup d’ambition, que tout ce que l’on doit souhaiter c’est que Myral devienne pour l’isolation le Frigo du réfrigérateur ou le Velux de la fenêtre de toit. Pour autant, je tiens vraiment à ce que la société n’oublie pas l’esprit artisanal de ses débuts avec des valeurs de travail très humaines et une grande proximité avec les clients et les chantiers. Tout ce qui fait notre force depuis 30 ans !