MaPrimeRénov’ : « Attention à ne pas jeter l’argent par les murs ! »
Dans l’actualité de ces derniers jours, le gouvernement, par la voix de la ministre du Logement Emmanuelle Wargon, s’est félicité du succès du dispositif MaPrimeRénov’. Depuis le début de l’année autant de dossiers ont été déposés que sur l’ensemble de 2020, et à ce rythme, le cap des 800 000 dossiers devrait être atteint, soit le double de l’objectif fixé. La ministre s’est d’ailleurs engagée à ce que cette prime, inscrite dans le plan de relance, soit financée à hauteur des besoins. Concrètement tous les particuliers qui la demandent, et qui sont éligibles, l’auront.
Parfait : un budget illimité pour une politique d’économie d’énergie qui fonctionne.
Mais si on regarde un peu plus en détails, il y a un hic par rapport aux objectifs d’amélioration de l’habitat et de lutte contre les 4,8 millions de « passoires thermiques » en France. En effet, largement plus de la moitié : 55% des aides sont consommées par les systèmes de chauffage, contre seulement 34% dans l’isolation.
Donc MaPrimeRénov’ participe à l’amélioration de la production de chauffage mais cette chaleur efficiente s’échappe par une isolation largement perfectible.
Si le dispositif CEE a largement amélioré les isolations des combles et des planchers, pour ce qui est des murs chacun peut constater qu’il y a encore un énorme effort à faire ! Il faut le rappeler : pour économiser l’énergie, la première étape est de faire en sorte d’éviter de la gaspiller. Il est nécessaire de travailler sur des bâtis qui assurent une température homogène hiver, comme été. C’est ce qui est le plus efficace pour apporter du confort et des factures allégées aux occupants des logements.
Alors que MaPrimeRénov a déjà été généralisée à l’ensemble des ménages en janvier dernier et qu’elle le sera à l’été pour les propriétaires bailleurs, mon propos n’est pas d’opposer chauffage et isolation. L’objectif est de faire prendre conscience de la cohérence de la démarche. Les travaux d’isolation des murs par l’extérieur, s’ils sont très efficaces, prennent 5 à 10 fois plus de temps que l’isolation des combles ou le changement de mode de chauffage. Si nous ne sanctuarisons pas une enveloppe définie pour ce type de chantiers, les aides seront toutes consommées sans avoir laissé le temps aux ITE de se réaliser.
Ne serait-il pas souhaitable d’allouer les enveloppes d’aides par typologie de travaux ? De privilégier la pédagogie à l’effet d’aubaine ?
Sinon nous inventerons une nouvelle expression : jeter l’argent par les murs !
Sylvain Bonnot, président du groupe Myral