Sylvain Bonnot : « La façade de notre siège sera la vitrine de tout notre savoir-faire ! »
9 mois de travaux pour voir naître un bâtiment flambant neuf en phase avec les ambitions et les convictions portées par Myral depuis plus de 35 ans. C’est le projet d’envergure engagé depuis plusieurs semaines au sein même du siège bourguignon du groupe. Ossature bois, panneaux Myral composés de matériaux recyclés et bas carbone, production d’énergie… C’est toute notre expertise de la façade qui va se concrétiser, mais aussi matérialiser la démarche Neutral.ITE 2025. L’occasion pour Sylvain Bonnot, président de Myral, d’en détailler le plan et les objectifs, et de partager sa vision des grands enjeux de la révolution énergétique que nous vivons actuellement.
2023 est une année importante pour Myral et ce premier trimestre a été marqué par le début des travaux du siège du groupe à Is-sur-Tille…
Sylvain Bonnot : Tout à fait, l’entreprise poursuit son développement, nous produisons plus de 300 000 m² de parements isolants chaque année, et il en faudra bien plus dans les années à venir car le marché de l’ITE et les besoins des occupants des logements sont énormes. L’usine est sortie de terre en 1996, nous avons inauguré notre nouvelle ligne de production en 2015, et aujourd’hui, pour assumer cette dynamique, nous devons pousser nos murs. Nos bureaux ayant plus de 25 ans, nous allons tripler leur surface. Cela nous donne l’occasion de faire de ce chantier, structurant pour l’entreprise, la vitrine de tout notre savoir-faire.
Pouvez-vous nous détailler ce projet ?
Sylvain Bonnot : Il s’agit de réaliser un bâtiment innovant, très performant et agréable à vivre pour les 70 salariés du groupe qui travaillent à Is-sur-Tille. Pour cela nous mettons en œuvre les solutions les plus légères du marché en carbone. La démolition a eu lieu en mars. Les éléments d’isolation ont été démontés pour être réutilisés pour la nouvelle isolation de l’ouvrage qui va être appliquée sur une ossature bois, notamment du CLT (panneau massif lamellé croisé), montée ce printemps. L’ITE va être réalisée avec des panneaux Myral dans leur version la plus basse en carbone. C’est-à-dire avec l’intégration massive de produits recyclés dans la composition de nos panneaux. Par exemple, la partie parement sera réalisée pour la première fois avec des bobines d’aluminium issues à 100% de recyclé, une première !
Et vous souhaitez aussi aller au bout de votre vision de la façade de demain…
Sylvain Bonnot : Oui, la façade doit être esthétique, isolante, résistante au feu, durables… Mais elle a aussi un formidable potentiel pour être énergétique. Notre chantier va servir de prototype pour la récupération de calories de l’ensoleillement des murs extérieurs en hiver. Notre objectif : que cette façade intelligente produise une partie du chauffage du bâtiment. Un enjeu majeur à nos yeux pour valider tous nos développements. La fin du chantier est prévue pour le dernier trimestre. Nous avons hâte de le présenter à nos clients.
« En 2025, la majorité des composants de nos panneaux seront issus des poubelles ! »
S’agit-il pour Myral de matérialiser la démarche Neutral.ITE 2025 que vous avez lancée l’an dernier ?
Sylvain Bonnot : Absolument. Ce projet nous permet de prouver que notre ambition est bien de proposer le système de vêture le moins carboné du marché. Pour mémoire, cela fait 36 ans que Myral est spécialisé dans l’isolation par l’extérieur. Forts de nos convictions, nous avons développé et conçu nos produits pour répondre à toutes les exigences techniques et règlementaires, en ayant pour habitude de toujours anticiper les évolutions. C’est encore le cas avec l’impact environnemental. Dès 2015, alors qu’aucune règle ne nous l’imposait, nous avions déjà notre fiche FDES qui mesurait le poids en CO² de nos produits. A l’époque, cette analyse nous a permis d’internaliser la production d’un de nos composants pour diviser son impact pas deux. Et c’est cette anticipation qui nous a conduit l’an dernier à lancer ce grand chantier de réduction de 63% du poids carbone de notre solution basé sur 3 axes : la circularité, l’agilité et la sobriété. Et nous souhaitons faire œuvre de transparence : toutes les données sont présentées sur un site dédié.
Quel est le cœur de cette stratégie ?
Sylvain Bonnot : Beaucoup estiment que la solution est le recours au biosourcé. Nous, chez Myral, nous pensons de façon pragmatique qu’il faut choisir des matières premières qui n’exercent pas de pression sur les ressources naturelles. La solution est de miser sur des matériaux de réemploi et c’est tout le travail de sourcing que nous réalisons actuellement. Le but est qu’en 2025 la majorité des composants de nos panneaux soient issus de filières de recyclage… Donc des poubelles ! Pour donner une image : demain avec de vieilles cannettes d’aluminium, des bouteilles plastiques usagées pour l’isolant et d’anciennes menuiseries en PVC, on fabriquera des panneaux Myral qui auront les mêmes qualités que nos produits actuels. En étant honnête, il restera toujours une part très minoritaire de matière neuve qui sera d’ailleurs réemployée en de vie. Mais cette solution de bon sens va permettre aux habitants des logements isolés d’économiser de l’énergie pour des décennies !
« Face aux incertitudes dans le bâtiment, il faut faire preuve d’adaptation, d’engagement et d’innovation »
Justement, à vos yeux, l’année 2022 a-t-elle marqué une nouvelle étape importante dans la prise de conscience du gaspillage de l’énergie ?
Sylvain Bonnot : Je le pense et je le souhaite. Depuis l’an dernier, la crise énergétique que l’on vit nous fait prendre conscience de façon brutale que le recours irréfléchi et machinal aux énergies, jusque-là bon marché, est certainement terminé. Des pas importants sont entrepris pour moins dépendre des énergies fossiles et des ressources étrangères, donc les prix ne redescendront jamais à leurs niveaux d’avant. Et c’est la même chose pour les matières premières. On ne peut plus considérer que les ressources, quelles qu’elles soient, sont inépuisables et infinies.
Dans ce contexte, quel bilan faites-vous des derniers mois et comment vous projetez vous vers les prochains ?
Sylvain Bonnot : Comme tout le monde, en 2022 nous avons souffert des augmentations de prix et nous avons sacrifié une partie de nos marges pour éviter que nos clients soient trop pénalisés sur leur marché. Pour autant, cela été une année où on a encore augmenté l’activité, et cela se poursuit sur ce début 2023, même s’il y a beaucoup d’incertitudes dans le secteur du bâtiment pour les mois à venir. Globalement, il faut donc toujours faire preuve d’adaptation, d’engagement et d’innovation. Pour Myral, la période que l’on a vécue a été un accélérateur de décision pour nous engager encore plus vite dans le chantier de l’avenir et participer à l’effort global.