Madeleine Martin, La Maison Passive : « Le passif ne s’obtient que par l’isolation par l’extérieur »
C’est une tendance en forme de prise de conscience qui fait son chemin dans l’esprit des maitres d’ouvrage. La construction passive apparait désormais comme une solution pérenne pour les projets de maisons individuelles, mais surtout dans les domaines du collectif et du tertiaire. Acteur incontournable du secteur, l’association La Maison Passive a labelisé depuis 2009, 202 bâtiments partout en France, et estime à 10 fois plus, le nombre de projets à très faibles consommations d’énergie qui voient le jour dans l’Hexagone. Très impliqué dans cette démarche à travers ses solutions innovantes d’isolation par l’extérieur, Myral va cette semaine à la rencontre de Madeleine Martin, responsable communication de La Maison Passive…
Quel est le rôle de l’association La Maison Passive ?
Madeleine Martin : Elle a été créée il y a 10 ans cette année autour de 3 missions essentielles : informer, former et labelliser.
Dans le volet information nous organisons notamment deux événements : Passi’Bat, le salon 100 % dédié à la construction très basse consommation, en direction des professionnels et les Journées portes ouvertes durant lesquelles des propriétaires de bâtiments passifs ouvrent leurs portes aux particuliers.
Comment se porte le marché du passif en France et quels sont les enjeux ?
Madeleine Martin : A l’origine, le passif n’attirait que quelques avant-gardistes convaincus ou bureaux d’études qui construisaient uniquement de la maison individuelle. Petit à petit à partir de 2010, des bailleurs sociaux s’y sont intéressé avec une vision à moyen terme voyant que certains locataires avaient du mal à payer leurs charges.
Au niveau de la labellisation, on constate d’ailleurs depuis quelques années que la maison individuelle ne représente que 15 % des dossiers contre 50% pour le collectif et 35% pour le tertiaire.
De plus en plus de gros projets émergent, comme celui de Carquefou qui comprend au total 600 logements passifs Plus. Et depuis un an, la Ville de Rennes a inscrit le passif dans son PLU, du coup sur place des logements collectifs sont en train de sortir de terre. C’est le cas de l’immeuble Le Mouvement Perpétuel, sur la ZAC Beauregard Quincé, qui est en cours de labélisation « Bâtiment Passif » et pour lequel la solution Myral a été choisie.
Mais les 2 enjeux majeurs aujourd’hui sont les rénovations en passif à grande échelle et le nouveau label E+C- qui préfigure la RT2020. Il faut dire que le passif a une longueur d’avance sur le bas carbone. Il est plus facile de produire 20 kWh pour un bâtiment basse consommation : 2 panneaux solaires suffisent. Ce sera plus dur dans du bâti traditionnel qui consomme 50 ou 100 kWh !
Pas de surcoût en collectif et tertiaire, retour sur investissement rapide pour l’individuel
L’étiquette de coûts importants à la construction colle au passif. Est-ce toujours vrai ? Et comment combattez-vous cette image ?
Madeleine Martin : Nous diffusons d’abord le message que pour tout ce qui est bâtiment de plus de 1 000 m² en collectif ou tertiaire, il n’y a aucun surcoût ! Le passif se joue beaucoup au niveau des parois, donc plus le volume est important, moins le coût sera différent de celui d’une construction traditionnelle.
Par contre pour la maison individuelle, si quelques maisons sortent à moins de 1 500 euros du m² correspondant à la moyenne générale pour ce type de construction, c’est vrai que ce n’est pas encore la norme. On est à un surcoût d’environ 10 %, mais dans ces cas l’investissement est rentabilisé rapidement. Pour vous donner un ordre d’idée, nous venons de réaliser une étude de cas sur une maison dans la Loire où les propriétaires ne dépensent que 200 euros de chauffage par an alors que la facture moyenne est de 1 600 euros. Ils gagnent donc 1 400 euros chaque année. Vous pouvez faire le calcul, le gap se réduit très rapidement.
Mais après il ne faut pas parler que de coûts, car les propriétaires parlent aussi du confort de vie qui est sans comparaison dans une maison passive.
Parlez-nous du volet labellisation de l’association…
Madeleine Martin : Le principal c’est le label « Bâtiment Passif », ou « Passivhaus » en allemand, qui est attribué aux constructions neuves. Il se base sur 4 grands critères :
- le principal : le chauffage. Un bâtiment passif ne peut dépasser les 15 kWh d’énergie dépensés par m² et par an.
- la consommation globale ne doit pas excéder 120 kWh toutes sources comprises, c’est-à-dire le chauffage, les usages du bâtiment (ventilation, eau chaude, etc…), mais aussi l’électroménager ou les serveurs informatiques, en tertiaire par exemple c’est très important.
- l’étanchéité à l’air doit être extrêmement stricte. Elle est vérifiée par un test de porte soufflante.
- et puis la notion de confort, ajoutée depuis plusieurs années. Concrètement, la température dans le bâtiment ne peut pas dépasser les 25 degrés plus de 10 % de l’année.
Parallèlement, La Maison Passive propose une déclinaison de ce label pour la rénovation, Enerphit, qui assouplit un peu le critère de chauffage.
« Les solutions Myral entrent parfaitement dans le cahier des charges »
Quel est l’intérêt d’obtenir ces labels ?
Madeleine Martin : Il faut savoir qu’une labélisation se fait en 2 temps. Le premier est la vérification des calculs réalisés par le bureau d’études après la conception du projet. Il permet éventuellement de rectifier le tir. La deuxième phase se fait après la livraison. On va effectuer le fameux test d’étanchéité. Ce qui permet prioritairement d’avoir la garantie d’un bâtiment qui tient ses promesses, mais aussi que toute la chaine des acteurs de la construction respecte l’engagement pris pour atteindre les performances souhaitées au départ.
Et puis c’est plus secondaire, mais le label donne de la valeur au bien et cela peut aussi devenir un argument commercial pour des fabricants ou des entreprises.
Justement, évoquons les matériaux et les techniques employés dans la construction de bâtiments passifs. Quelle est la part de l’isolation par l’extérieur, domaine dans lequel Myral est un acteur particulièrement innovant ?
Madeleine Martin : Les solutions Myral entrent en effet parfaitement dans le cahier des charges car le passif ne se fait qu’avec de l’isolation par l’extérieur. C’est la technique reconnue la plus efficace pour éviter les ponts thermiques, l’idée étant d’obtenir une enveloppe qui soit continue et qui englobe la maison dans un manteau, pour prendre cette image. En revanche, si vous isolez pièce par pièce, la jonction entre votre sol et le mur extérieur, par exemple, va aspirer le froid à l’intérieur du bâtiment.
Permettre de réduire l’épaisseur des murs, comme le propose Myral, est-il aussi un argument important ?
Madeleine Martin : Effectivement, pour les projets de construction en passif, les acteurs sont en recherche permanente de tout ce qui va permettre de réduire cette épaisseur tout en maintenant, ou même en augmentant, les performances des murs.
Cela peut fonctionner sur de plus petits espaces et permettre un confort de vie supérieur avec notamment un meilleur apport en lumière naturelle.
C’est d’autant plus vrai en rénovation. Si vous avez déjà une épaisseur de mur importante, les solutions les plus mince possible sont là aussi privilégiées.